IA à lécole la triche a changé de camp

IA à l'école la triche a changé de camp Interdiction de ChatGPT aux étudiants mais ce sont les profs qui trichent maintenant La révolution de lintelligence artificielle (IA) dans léducation a créé un curieux renversement des rôles. Alors que les établissements scolaires se sont dabord empressés dinterdire aux étudiants lusage de ChatGPT pour rédiger leurs devoirs, craignant une vague de triche généralisée, un nouveau phénomène, plus subtil et tout aussi problématique, émerge : celui de la triche professorale . Désormais, ce sont parfois les enseignants eux-mêmes qui recourent à lIA pour concevoir leurs cours, leurs supports pédagogiques ou leurs évaluations, soulevant de profondes questions sur lauthenticité et la valeur de lenseignement dispensé. LIA enseignante : entre efficacité et déshumanisation Pour le corps professoral, souvent surchargé, lIA apparaît comme une aide précieuse. Elle permet de générer rapidement des résumés, des idées dexercices, des plans de cours ou même des corrections basiques. Cet outil doptimisation est en soi une opportunité. Cependant, son utilisation devient problématique lorsquelle se substitue purement et simplement à lexpertise et à la réflexion pédagogique. Les étudiants, premiers concernés, sont de plus en plus nombreux à dénoncer la nature impersonnelle, parfois incohérente ou superficielle, des contenus qui leur sont présentés. Ils perçoivent cet usage non transparent comme un manque dengagement, une forme de paresse intellectuelle qui érode le lien de confiance fondamental entre léducateur et lapprenant. Un manque de transparence qui nourrit la défiance La défiance estudiantine nest pas infondée. Laffaire Ella Stapleton est emblématique : cette étudiante a eu la surprise de découvrir, intégrée dans ses supports de cours, une requête brute copiée-collée depuis ChatGPT, preuve irréfutable que son professeur navait même pas pris la peine de relire ou de personnaliser le contenu généré. Cet exemple extrême révèle une pratique plus répandue quil ny paraît. Paradoxalement, les étudiants, formés à détecter le plagiat et devenus experts en identification des marqueurs stylistiques de lIA, se retrouvent maintenant dans le rôle de vérificateurs de lintégrité académique de leurs propres enseignants. Vers un cadre éthique pour une coexistence nécessaire Face à ce constat, une interdiction pure et simple de lIA nest ni réaliste ni souhaitable. La solution réside dans létablissement urgent dun cadre éthique clair et rigoureux. Des établissements pionniers, en France et à létranger, commencent à instaurer des chartes exigeant une transparence totale : tout contenu produit par une IA doit être explicitement signalé et, surtout, impérativement validé, annoté et enrichi par lexpertise humaine de lenseignant. Comme le souligne le pédagogue Paul Shovlin, cette transparence est la clé pour préserver la confiance. Lobjectif nest pas de diaboliser la technologie, mais de lintégrer de manière responsable. Lenseignant doit rester le médiateur indispensable, celui qui donne du sens, qui contextualise et qui critique le contenu généré. LIA peut être un assistant formidable pour gagner du temps sur des tâches basiques, libérant ainsi du temps pour ce qui compte vraiment : linteraction humaine, le dialogue personnalisé et laccompagnement critique des étudiants. Une responsabilité partagée pour lécole du futur In fine, lintégration saine de lIA dans léducation est une responsabilité partagée. Il ne sagit pas seulement de surveiller les pratiques des professeurs, mais aussi déduquer toute la communauté étudiants et staff académique à une utilisation consciente, critique et éthique de ces outils. Lécole du futur ne naîtra pas du rejet de la technologie, mais dun équilibre intelligent où lIA et la pédagogie traditionnelle se complètent pour offrir une expérience dapprentissage plus riche, plus personnalisée et, surtout, authentiquement humaine.